Nelson et les Marlborough Sounds

Publié le par axel briffault

Nelson et les Marlborough Sounds
Nelson et les Marlborough SoundsNelson et les Marlborough Sounds

Nous arrivons dans Nelson par un début de soirée chargé de grisaille. Nous tournons un peu en ville à la recherche d’un endroit où passer la nuit et je nous gare entre la rivière et la piscine municipale, puis nous partons un peu à la découverte de la ville, en quête d’un fish & chips. La raison de cette quête est un marché selon lequel celui qui utilise la réduction sur le plein, obtenue grâce à une carte de l’Automotive Association, doit payer à l’autre un repas bon marché. Ceci afin d’éviter de se prendre la tête pour se remémorer qui a utilisé la carte plus que l’autre. Nous comparons donc les prix du centre-ville et décidons vite de demander conseil à la réception d’un hôtel, réponse désolée de la tenancière « il n’y a pas de poisson bon marché à Nelson. Tout part à l’export. » un comble ! Nous trouvons finalement une friture à prix raisonnable dans une zone industrielle et mangeons un bout de poisson ridicule avec une portion de frite plutôt chiche. Retour vers la voiture, nous passons dans le jardin de Queens Garden où une famille donne du pain à manger aux canards et aux anguilles, malgré le crachin qui tombe depuis quelques quarts d’heure. Je ne sais pas à quoi ressemblais le regard que j’ai lancé à ce gâchis de nourriture, toujours est-il que la petite fille est venue à moi pour me donner une galette de fajitas. Avant d’accepter le cadeau, je lui explique que je ne donnerais pas la galette aux animaux mais que je la mangerais. Elle insiste, je prends mon trophée que je déchire pour le partager avec Jasper. La galette est fraiche et a un goût mêlé d’étonnement et d’amusement. Nous retournons ensuite à la voiture et je finis de préparer une éventuelle mise à jour du blog lorsque Jasper interpelle un duo de jeunes filles passant par là en hurlant « RAYA ! ». L’une se retourne et me voilà à faire la connaissance de deux allemandes qui woofent dans les auberges de jeunesse en quête d’un emploi parallèle pour renflouer des caisses désespérément vides. Lorsque nous parlons de nos besoins urgents beaucoup plus simples à satisfaire (douche et lessive) et de notre intention de payer une auberge pour avoir accès à ses locaux en journée, elles nous donnent un tuyau en or pour s’introduire en douce dans un des endroits où elles ont woofé dans des conditions virant à l’arnaque, étant donné qu’elles ont été forcées de payer les trois premiers jours de logement…

Le lendemain, nous sortons de la ville pour éviter de préparer le petit déjeuner devant les nageurs venant faire leur sport du dimanche puis retournons finalement à notre emplacement initial pour préparer la pâte à pain sur une table de pique-nique abritée de la pluie que j’avais repéré plus tôt. Nous partons ensuite en quête de denrées électroniques qui nous font cruellement défaut, et sont malheureusement rares dans ce pays. A savoir, un câble de chargement pour une tablette tactile de marque ASUS et de nouvelles batteries pour une GoPro de seconde génération. Encore une fois nous faisons chou blanc, puis nous nous dirigeons vers l’hôtel indiqué la veille, et entrons par une voie de garage dans un café ouvert au public. Nous nous dirigeons à travers les tables et les premiers clients vers une porte cachée dans un angle et trouvons deux douches que nous investissons sans vergogne. Nous profitons de l’occasion pour repérer la laverie et la cuisine avant de ressortir et d’avaler une semoule vite faite avant de jeter un œil à la boutique où l’unique a été forgé et de discuter avec un souffleur de verre sur la façon dont il obtient formes, motifs et couleurs voulues. Le temps passe ainsi et trois heures sonnent. C’est l’heure où le propriétaire de l’auberge de jeunesse quitte les lieux pour rentrer chez lui. Nous empruntons la même voie que la matinée, les bras chargés de linge et de vaisselle sale puis j’investis la laverie alors que Jasper s’installe en cuisine. Le temps que le pain cuise, que les pains de glace refroidissent et que les machines tournent. Nous faisons comme chez nous, discutons avec les pensionnaires et profitons allègrement du pain gratuit alors que je distribue des infusions du romarin abondant dans le jardin de la cathédrale sous le regard amusé des woofeurs qui sont au courant de notre véritable situation. Lorsque tout est prêt, nous prétextons des courses à faire pour nous esquiver poliment et apprécions notre première soirée d’hommes propres depuis une semaine. Le lendemain, la pluie se fait plus rare. La librairie, généreuse pourvoyeuse de réseau et de courant est fermée pour cause de jour férié, le 2 février, c’est l’anniversaire de la ville. L’exemple est suivi par de nombreux commerces et nous finissons par nous diriger vers la plage pour apprécier le point de vue malgré le temps couvert et déjeuner de notre pique-nique quotidien. Nous allons ensuite visiter le musée régional. L’exposition permanente m’apprend que la ville a été fondée en 1842 et qu’après avoir frôlé la famine, les premiers colons ont finalement réussi à installer la colonie malgré les maoris locaux, hostiles à l’arrivée des pakehas. La découverte d’un filon de cuivre attire de nouveaux arrivants mais c’est finalement la chromite qui apportera à la ville une prospérité de courte durée. L’exposition raconte ensuite des histoires de réussite individuelle sans aucun fil conducteur et devient vite lassante. Par la suite, une exposition temporaire mieux réalisée raconte l’implication des kiwis locaux dans la première guerre mondiale. Nous sommes gentiment mis à la porte à 16h30 et nous allons tuer le temps dans le centre d’information touristique avant d’aller passer la nuit sur un parking où les campervans sont autorisés de 18h à 09h.

La matinée suivante est radieuse. Je commence par conduire jusqu’à un garage repéré plus tôt pour offrir deux pneus neufs aux roues motrices de Bellbird et vérifier le parallélisme. Pendant la durée de l’opération nous téléphonons à des entreprises locales pour un éventuel job, nous sommes séduits par l’ambiance de la ville. La pépinière cherche des travailleurs restant jusqu’à fin mars et l’entreprise de conditionnement de pommes a déjà ses effectifs au complet. Les moules du bourg d’Havelock n’ont pas non plus besoin de main d’œuvre. Nous faisons le tour des agences d’intérim, elles ne sont pas optimistes pour nous trouver des petits boulots rapidement et notre calendrier est un peu serré. Je finis par appeler Lucy à Christchurch. « si on arrive lundi, tu peux nous trouver du boulot pour 2-3 semaines ? – Je vais arranger ça les gars ! » on s’en tiendra donc finalement au plan initial. Nous allons à la librairie enfin ouverte pour recharger nos batteries et trouver une connexion gratuite potable, puis nous partons à l’assaut d’une colline environnante portant de façon arrogante le nom de « centre de la Nouvelle Zélande » pour regarder la ville depuis les hauteurs. Nous partons ensuite sur la nationale 6 ver l’est et les Sounds. La conduite nous mènera dans une petite vallée de pâture aux versants boisés de pins. Nous montons sur l’un des versants et continuons nord alors que la végétation devient plus sauvage, plus kiwi. Une percée dans le mur de verdure nous dévoile alors notre premier Sound. Un bras de mer aux eaux turquoise pénètre dans les terres comme en fond d’une vallée montagnarde complètement inondée. Contrairement aux fjords, les Sounds de la région n’ont pas été creusés par des glaciers, mais sont en réalité d’anciennes vallées fluviales inondées par l’action conjuguée de l’élévation du niveau de la mer et l’affaissement local de la plaque tectonique. Comparé aux fjords que j’ai vus en Norvège, ces bras de mers paraissent plus ouverts. Leur majesté réside plus dans la douceur d’un havre que dans l’écrasante force d’à-pics vertigineux. Nous poursuivons la route, puis la piste et avons à plusieurs reprises la possibilité d’admirer ces paysages dans lesquels se nichent par endroits des bouées parfaitement alignées indiquant les cordes de moules en culture. Enfin, la végétation laisse place à une prairie nous laissant tout le loisir de régaler nos yeux lorsque les vaches ou les moutons ne paressent pas sur la piste. Nous arrivons finalement à Frenchpass, face à Durville Island, nommées ainsi en l’honneur du navigateur français qui a failli y laisser son bateau, où nous passerons la nuit.

Réveil au chant du coq, petit déjeuner et décollage en direction d’Havelock après un court arrêt à Pellorus Bridge où la scène de la descente du torrent en baril dans Le Hobbit a été tournée, avant de bifurquer en direction du fameux Queen Charlotte Sound que nous esquiverons au profit de son modeste voisin, Kenepuru Sound. Arrivé au bout du bras de mer, je bifurque sur une piste suivant une vallée de petites montagnes pour quelques kilomètres encore avant de m’arrêter au pied du mont Stoke, le point culminant des Sounds. Le ciel est quelque peu couvert et le vent souffle fort mais un coup d’œil à l’ouest, d’où proviennent les nuages me permet d’anticiper une situation stable et le guide indique une difficulté moyenne et peu de dangers. Nous partons donc à l’ascension du mont. Nous disparaissons sous les arbres qui nous protègent efficacement des colères d’Eole en grinçant parfois sous l’effort. Après un échauffement sur un sentier montant en pente douce, le dénivelé augmente subitement offrant pour tout passage une piste de roches et de racines. L’ascension se fait au rythme de chacun, au bout de trois quarts d’heure d’efforts, la végétation de sous-bois se fait moins variée, puis, les arbres raccourcissent subitement, comme si tout à coup le poids des éléments les écrasait pour les maintenir à quelques mètres de hauteur. Quelques mètres plus haut nous franchissons la lisière nette et sommes accueillis par des bourrasques qui nous frigorifient et nous déséquilibrent le temps que nous enfilions nos vestes. Nous pouvons ensuite admirer un alpage battu par la tempête qui soulève les nuages juste au-dessus de nos têtes. Nous observons la vue fantastique que les environs nous offrent sous une chape de coton couleur de plomb. Je m’attarde sur quelques fleurs qui bravent le rude environnement local et regarde la base des nuages les plus lourds courir sur les herbes comme des formes spectrales poussées vers un but inconnu. Nous redescendons la longue montée, remontons dans la voiture et repartons vers Havelock puis Blenheim. Nous nous arrêtons pour cueillir des pommes en prévision d’une compote et traversons les plaines de Wairau, couvertes de vignes hautes et denses à perte de vue, avant d’arriver dans la ville du vignoble, Blenheim.

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N
Quel plume mon cher Axel! <br /> Je n'ai pas laissé de commentaire récemment mais crois-moi nous lisons attentivement toutes tes petites pérégrinations ^^<br /> C'est à la fois un retour là-bas, à la fois des découvertes pour les endroits par lesquels nous ne sommes pas passés, et à chaque fois un grand plaisir!<br /> Mais je suis toujours en reste de savoir qui est ce fameux Jasper, que fait-il en NZ, quel est son caractère, comment se passe la cohabitation ?? C'est un sacré défi de partir en road trip avec quelqu'un que l'on ne connait pas depuis longtemps, chapeau de bien vous en sortir...<br /> Ouiiiii la rivière Pelorus, on s'est baigné dedans! Et l'arrivée à Blenheim, j'ai hâte de retrouver la ville où l'on a passé beaucoup de temps à travers ton récit... La librairie, point central de tout voyageur cherchant une connexion internet et de la batterie! Aies une petite pensée pour nous quand tu fouleras le sol de celle de Blenheim, ou bien traverse la vue et vas t'acheter au Coundown d'en face un bon cheesecake &quot;sarry lee&quot;, le meilleur ;-)<br /> Bonne tribulations petite barge !!!!
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Z
depuis que vous avez débuté votre périple , je lis une première fois pour m'imprégner du récit et les photos que je regarde avidement ; puis vient le moment où je reprends la lecture avec l'atlas sur les genoux et un deuxième écran avec les photos afin de mieux apprécier cette aventure , sans compter un troisième écran avec la recherche de mots nouveaux , en ce qui me concerne l'organisation est bonne tout comme la vôtre. à quand le livre?
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